Simon Welch - Chez les Schaeffers

“At home with the Schaeffers” (2003)
Installation in progress : postcards, lenses, mirrors, Plexiglas frames (each 10 x 14 x 5.5 cm)

This is a modular installation taken from a total of 80 postcards sent to the same Alsatian family between 1953 and 1985. The changing fortunes of the couple can be perceived indirectly by studying the changing dates, names and addresses involved.

A 1cm aperture is pierced in the centre of each card and a lens attached to it. The card is suspended at a certain distance from the wall in front of a small mirror. The picture side of the card faces the wall and is reflected in the mirror. On looking through the aperture, a complete picture is visible due to the fact that the “chad” removed from the postcard has been attached to the mirror, thus eliminating the viewer’s reflected image from the scene and creating a type of virtual montage.
«Chez les Schaeffers» (2003)
Installation en progrès : cartes postales, lentilles, miroirs, encadrements en plexiglas (chacun 10 x 14 x 5,5 cm)

“Chez les Schaeffers” est une installation modulaire qui présentera quatre-vingt cartes postales envoyées à une famille alsacienne entre 1953 et 1985.

Ici, la carte postale devient une sorte d’appareil photo, ou d’autre instrument optique. Un trou d’un centimètre est percé au milieu de chaque carte postal, et une lentille est attachée au trou. L’ensemble est ensuite suspendu à six centimètres du mur, sur lequel est accroché un petit miroir. Le côté photo de la carte est face au mur, et se reflète dans le miroir.

La carte postale elle-même est déjà une sorte de “collage” intéressant à plusieurs points. Nous pouvons citer par exemple la juxtaposition de l’écriture manuscrite à l’image photographique imprimée : s’assemble ainsi une expérience généralisée (ce qui fait de l’image une représentation “kitsch”) et une expérience personnelle. Ce phénomène est sanctionné par un timbre et un tampon officiel : celui-ci témoigne de la date et du lieu de l’intervention du système postal et fait preuve du fait que l’objet a voyagé d’un endroit à un autre. Cependant, le voyage n’est pas simplement géographique, mais aussi temporel car la juxtaposition des cartes postales montre le déroulement de la vie des destinataires. Certes, cela apparaît de manière fragmentée et indirecte, mais en étudiant les cartes nous remarquons des dates différentes, des changements d’adresse et, finalement, la disparition du mari.

En ce qui concerne l’œuvre elle-même, le montage est plus compliqué qu’il ne semble au premier abord, puisque nous sommes trompés en y regardant. Nous pensons voir une image complète du paysage, mais en réalité ce n’est qu’une illusion créée par le collage sur le miroir de la partie enlevée de la carte lorsque le trou est percé. Cette partie, qui en anglais s’appelle ‘chad’, est alignée de manière à remplir le trou virtuel qui devrait être apparent lorsque le spectateur regard l’œuvre. Au lieu de cela, il voit un “ montage ” de deux éléments : l’image virtuelle et l’image “ réelle ” imprimée sur le “ chad ”. Celui-ci est évidement à l’envers par rapport au reste de l’image. Pourtant, même si le spectateur voit l’image en totalité, le point de rupture reste plus ou moins visible et nous apercevons l’enlèvement derrière l’image.

Nous pouvons constater que mon œuvre rassemble les divers éléments tangibles et virtuels en un cocktail temporaire. Les notions de montage et de la fixation de l’image me semblent ici importantes.


| Home | Works |